Arts du présent
Une rubrique du festival, curieuse de la fabrique de l’Art. Le cinéma documentaire est le bon médium pour se rapprocher du processus créatif : que l’on filme simplement un ensemble de gestes singuliers et inventifs, ou bien un artiste que l’on croit connaître qui ré-élabore pour le spectateur le cheminement de ses œuvres. À la rencontre de deux artistes plasticiens aux parcours remarquables. L’un, Charles Belle, à la pleine maturité de son projet artistique, magnifiant des bribes de nature dans d’immenses tableaux. L’autre, Apolonia dite Api, une jeune artiste qui cherche sa place dans les galeries d’art, à Paris, à New York. Pendant ce temps, ses tableaux se multiplient, son art s’affirme. Elle n’est pas prête à faire des compromis et témoigne bien de la condition des jeunes artistes aujourd’hui. Un film unique, à tous points de vue, pour cette rubrique: Seul Godard. Pour tous ceux qui aiment son cinéma et pour ceux qui ont à le découvrir. Son goût pour la recherche cinématographique trouve ici un bel écho.
VENDREDI 1er DÉC – 20H30 – SALLE GEORGES CONCHON
La réalisatrice a suivi durant treize années le chemin intime et artistique d’Apolonia Sokol, une jeune peintre figurative franco-danoise, à la recherche d’elle-même. Apolonia a grandi à Paris dans un milieu culturel underground qui lui a donné le goût de la liberté et de la peinture. Elle mène de front apprentissage académique et activisme politique, part aux États-Unis où elle se heurte à la logique du mécénat le plus cru : « Pourquoi n’acheter que l’art quand on peut acheter l’artiste? ». Elle revient en Europe, affirme peu à peu, grâce à un travail acharné, sa vision féministe de la création et de la vie.
2022 – Danemark, Pologne, France – 116′ – vostfr – HC – Danish Documentary Production
DIMANCHE 26 NOV – 13 H – SALLE GEORGES CONCHON
Un homme en labeur, aux prises avec la matière des choses et la matière de son médium, peinture, encre ou fusain. Charles Belle puise son inspiration dans le végétal et dans l’animal, de l’oignon et la feuille de figuier jusqu’au taureau ruminant dans son atelier, jusqu’au corps à corps avec la lande et la forêt, par tous les temps. La caméra est au plus près des gestes, du jaillissement des couleurs, du mystère du regard, elle témoigne de la recherche de cet artiste obstiné, exigeant, toujours en mouvement, qui retravaille inlassablement ses œuvres et crée des images saisissantes. « Il faut sentir plutôt que de voir », dit-il. Un homme du Doubs, comme Courbet qui disait « n’avoir d’autre maître que la nature et son sentiment » .
2022 – France- 81′ – HC – François Royet/Aster Production
LUNDI 27 NOV – 17 H – GEORGES CONCHON
Jean-Luc Godard est décédé le 13 septembre 2022.
Il laisse une œuvre de 140 films ; certains de ceux-ci sont devenus les représentants cultes de la nouvelle vague française ; d’autres, peut-être moins connus, témoignent de son insatiable recherche cinématographique.
« Je ne fais pas seulement du cinéma quand je tourne, je fais des films quand je rêve, quand je déjeune, quand je parle avec vous » , Godard par Godard.
Un vaste hangar posé au milieu d’un champ, en lisière de village dans le Cantal, abrite un trésor. Il a préparé lui-même ce lieu, où déposer toutes ses archives. Des centaines de cartons dans lesquels a été entreposée l’intégralité du contenu de son atelier : ses livres, les masters de ses films, les bandes-son, sa table de montage, sa correspondance. Un ciseau, un fer à souder, un coupe-papier à levier…
Le film est fait de fragments. Pensées sur bouts de papier, extraits de films, paroles reprises par un comédien, mémoire des actrices proches. Qui sait ? Peut-être a-t-on plus de chances de bien le rencontrer à travers la fulgurance de ces petits morceaux de lui.
2023 – France – 88’ – HC – Ardèche Images Production