LUNDI 2 DÉCEMBRE
MATIN
DERNIÈRE NOUVELLE DU COSMOS – JULIE BERTUCCELLI
À bientôt 30 ans, Hélène a toujours l’air d’une adolescente. Elle est l’auteure de textes puissants et physiques, à l’humour corrosif. Elle fait partie, comme elle dit, d’un « lot mal calibré, ne rentrant nulle part ». Visionnaire, sa poésie télépathe pense loin et profond, elle nous parle de son monde et du nôtre. Elle accompagne un metteur en scène qui adapte son œuvre, dialogue avec un mathématicien. Pourtant, Hélène ne peut pas parler ou tenir un stylo et n’a jamais appris à lire ni à écrire. C’est à ses 20 ans que sa mère découvre qu’elle peut communiquer en agencant des lettres plastifiées sur une feuille de papier. Un des nombreux mystères de celle qui se surnomme Babouillec…
2016 – France – 84’ – HC – Les Films Du Poisson
APRÈS LA PLUIE – QUENTIN NOIRFALISSE, JÉRÉMY PAROTTE
En 2021, suite à des pluies diluviennes, des inondations dévastent la Belgique. Les pertes humaines et matérielles sont effroyables. Comment (se) reconstruire malgré la précarité sociale ? Comment éviter d’autres catastrophes ? Les réalisateurs suivent les sinistrés de la vallée de la Vesdre ainsi que les experts chargés de concevoir un plan d’aménagement du territoire pour faire face aux inondations : avec le changement climatique, ces événements météorologiques violents sont désormais inéluctables.
2024 – Belgique – 85’- HC – Wallonie Image Production
APRÈS-MIDI
Alexis a quitté son île natale, la Martinique et sa culture musicale, pour étudier le chant lyrique à Paris. Portrait chaleureux d’un jeune homme qui assume désormais toutes ses singularités : sa voix rare de contre-ténor, son khôl et ses ongles faits. Il travaille avec acharnement pour réaliser son rêve de devenir artiste professionnel.
2024 – France – 34’ – FA – Les Ateliers Varan
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EN ATTENDANT LES ROBOTS – NATAN CASTAY
Chaque visage qu’Otto floute sur Google Street View lui rapporte un centime. Le jeune homme est un travailleur du clic : il réalise des micro-tâches pour Amazon. Il a beaucoup d’amis, aux quatre coins du monde et par écrans interposés. Avec eux, il plaisante, et apprend. Il se confie et les écoute. « N’oublie pas de sortir de chez toi », lui conseille l’un d’entre eux. Mais dans le monde réel, Otto est plutôt « loup solitaire » et il quitte rarement sa chambre dont les fenêtres sont calfeutrées.
2023 – Belgique – 39’ – VOSTFR – HC – MédiaDiffusion
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VILLA MADJO – ELEN SYLLA GROLLIMUND
La villa Madjo a été le point de ralliement de plusieurs générations nées entre l’Afrique et la France. À partir de vidéos et de photos retrouvées dans cette maison d’enfance, la réalisatrice nous questionne sur les a priori identitaires. Des dessins griffonnés au crayon, des photomontages amusants pallient l’absence de certaines illustrations. Un grand-père paternel colon, l’autre Peul. Une mère métisse, elle-même « quarteronne », ses enfants « octavons »… À quand la disparition du racisme ?
2023 – Belgique – 13’ – PP – Atelier Graphoui
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POILU[S] – VIRGILE BOUVERET
Le réalisateur nous plonge dans les milliers d’images fixes et animées conservées de la Première Guerre mondiale. Il les observe, les questionne, et se questionne sur les conditions des prises de vues, les limites techniques, le statut des images, les manipulations d’autrefois et celles d’aujourd’hui. Peut-on faire un film de montage sans transformer les images ?
2023 – France – 8’ – FA – ECPAD/Université Paris Panthéon-Sorbonne
JE ME SUIS EMBARQUÉE SUR UN VAISSEAU QUI DANSE – DAISY LAMOTHE
« On ne peut pas décrire cette envie de partir. » Josette a 80 ans. Elle part fréquemment en Estonie, dans sa camionnette aménagée, malgré les craintes de son entourage. Ce n’est pas une obsession touristique. Qu’est-ce alors ? Une fuite ? Une quête ? Est-ce la recherche d’un monde sans le regard et la pression justement des autres proches ? Une chose est sûre, elle vient s’émerveiller de la rencontre avec les oiseaux, au bord de ces étangs lointains.
2024 – France – 80’ – P – Daisy Lamothe
Traces de Vies propose un espace de rencontre unique d’une journée, permettant aux cinéastes de déployer leur parcours singulier, leurs références, leurs choix filmiques et leurs questions actuelles. Ce temps est ouvert à tous : étudiants, cinéphiles ou professionnels. L’invitée de cette année, Julie Bertuccelli, est une réalisatrice de nombreux films documentaires et de fictions. Très engagée, elle est actuellement Présidente de la Cinémathèque du Documentaire. Élodie Font, documentariste sonore travaillant principalement pour France Culture et Louie Média, animera cette journée d’entretiens. Elle a aussi été chargée de programmes pour ARTE et responsable des séries documentaires pour HBO MAX, tout en publiant des romans graphiques (Coming in, 2021) et un essai (À nos désirs, 2024).
Née en 1968, Julie Bertuccelli aborde le cinéma après des études de philosophie, devenant assistante-réalisatrice de figures telles que Bertrand Tavernier, Krzysztof Kieslowski et Rithy Panh. Elle suit ensuite une formation aux Ateliers Varan en 1993, marquant le début de son parcours de réalisatrice avec sept documentaires. Sa première fiction, Depuis qu’Otar est parti (2003), remporte de nombreux prix, dont le Grand prix de la Semaine de la Critique à Cannes. Sa seconde fiction, L’Arbre (2010) avec Charlotte Gainsbourg, clôt le Festival de Cannes.
À travers ses fictions, Julie Bertuccelli montre, avec tendresse, comment ses « sœurs humaines » trouvent la force de surmonter les douleurs de la vie. Son cinéma documentaire traite de thèmes sensibles, comme le monde du travail (Un métier comme un autre, 1993) et l’enfermement (Une Liberté, 1994). La jeunesse, ses forces et ses vulnérabilités occupent également une place importante dans son œuvre, comme dans La Cour de Babel (2014) et son dernier film, L’Odyssée des enfants d’Ulis (2024), où elle explore les enjeux de l’intégration scolaire.
Sorti en 2016, Dernières nouvelles du cosmos traite de la fragilité d’Hélène, 30 ans, autiste, qui communique à travers l’écriture et la poésie. Julie Bertuccelli établit une forte complicité avec elle, transformant sa vie en une aventure constante.
Elle a également réalisé deux portraits : un documentaire sur Otar Iosseliani (Otar Iosseliani, le merle siffleur, 2006) et un sur Jane Campion (Jane Campion, la Femme Cinéma, 2022), dressant un portrait sensible et inédit de la première cinéaste à recevoir la Palme d’Or à Cannes.
Enfin, soulignons l’engagement de Julie Bertuccelli pour promouvoir le cinéma documentaire. Première femme à avoir présidé la Scam, elle a convaincu les pouvoirs publics de créer la Cinémathèque du Documentaire, qu’elle préside aujourd’hui. Hébergée au Centre Pompidou à Paris, cette institution diffuse des centaines de films rares et propose des rétrospectives de cinéastes du monde entier.
BORÉALES – ERIKA HAGLUND
Ils vont avoir 18 ans. Leur amitié déborde d’une énergie joyeuse. Les filles s’éclatent à l’anneau acrobatique. Ils ont été très accompagnés jusqu’à présent et se posent maintenant de nouvelles questions sur leur avenir. Elana, sortant d’un institut éducatif spécialisé, ne semble pas passionnée par sa découverte du travail en établissement protégé. Ulysse, en costume et cravate, suit une formation dans un lycée professionnel. Camille et Astrid découvrent leur futur établissement d’accueil.
2024 – France – 82’ – P – Beppie Films
JANE CAMPION, LA FEMME CINÉMA – JULIE BERTUCCELLI
Jane Campion est une cinéaste néo-zélandaise. Anthropologue de formation, elle s’est initiée au cinéma et à la peinture à Londres. En 1993, elle est la première femme à recevoir la Palme d’or du Festival de Cannes, pour La leçon de piano. Un événement marquant dans la longue histoire de ce lieu culte du 7e art. D’une beauté magistrale, ses films sont portés par un souffle, une magie qui nous bouscule.
Julie Bertuccelli, marquée par ce cinéma, lui consacre pour la première fois le portrait qu’elle mérite : des extraits soigneusement et passionnément choisis, la parole, seule, de la cinéaste. Sereine, modeste et pleine d’humour, elle semble s’offrir pour un portrait en profondeur.
2022 – France – 99’ – VOSTFR – HC – Sélection officielle à Cannes en 2022 – Les Films Du Poisson
SOIR
Kirill ne peut plus revoir sa ville natale : il a fui la Russie lors de l’agression de l’Ukraine. Son ami, Daniel, effectue le voyage et va mettre « Moscou en conserve » pour lui. Kirill découvre son appartement « reconfiguré » ; son vélo pendu au mur veille sur ses camarades encore présents. Dans Moscou enneigée, les lumières brillent pour les fêtes. Kirill regarde les images : passants engoncés, affiches de guerre : « Ce n’est pas ma ville ».
2024 – France – 22’ – VOSTFR – FA – Master DEMC – Université Paris Cité
Daniela l’Italienne est sortie difficilement de l’alcoolisme, Fouad le Marocain cherche à obtenir un visa pour l’Italie où il vit depuis dix ans. Rencontre amoureuse. Solitaire, Fouad traverse la nuit sur son scooter, se pose dans un café désert, range les verres au bowling où il travaille. Chez Daniela il fait chaud, le sapin clignote, le chat s’étire ; ensemble ils font le marché, la cuisine. Et ils discutent beaucoup, surtout de l’avenir : un mariage ? ou le retour au Maroc ?
2023 – France, Italie – 61’ – VOSTFR – P – Lionel Massol – Salaud Morisset
SUPERVISION – COLLECTIF PRIMITIVI
L’événement est sécurisé : on attend un maire, un préfet et un ministre pour inaugurer le centre de supervision de Marseille, « ville très attachée à sa sécurité ». Les flashs crépitent alors que sur un mur de 14 mètres défilent les images des 180 caméras qui maillent la cité phocéenne. Nous sommes en 2012, le plan est ambitieux. Retrouver un chauffard en fuite, pister des braqueurs, trouver la planque d’un trafiquant… infractions et arrestations défilent sous la vidéoprotection. On n’arrête pas le progrès.
2012 – France – 11’ – HC – Collectif Primitivi
2023 – Suisse, France – 75’ – HC – PCT Cinéma-Télévision SA/Tripode Productions