Palmarès 2023 - retour sur les films primés de la compétition
GRAND PRIX
“En filmant 3 musiciennes de mariages, la réalisatrice nous raconte le rapports complexes qu’elles entretiennent avec les hommes. Toujours à la bonne distance, elle nous fait partager les désirs et les frustrations de ces femmes vivantes et indépendantes. C’est la force du film que de donner à voir , en contre point , les cérémonies de noces comme un moment d’exposition des visages et des corps féminins , apprêtés , cadrés et presque figés. Au contraire , les femmes de machtat se débattent avec sensualité et humour , parfois jusqu’à la transe.” – Le Jury Hors Frontières et Monde Sensible
PRIX HORS FRONTIERES
“Rio Rojo est une fable politique, humaine et sensorielle de toute beauté, qui nous plonge au cœur d’un paradis terrestre menacé. Ce conte documentaire transcende le réel pour raconter la relation de l’homme à la nature et nous faire ressentir la fragilité des êtres et du monde.
Ce film patient, mélancolique et quasi chamanique nous fait grandir avec ses personnages.” – Le Jury Hors Frontières et Monde Sensible
PRIX DE LA CREATION
“Etre mère ou ne pas l’être, telle est la question essentielle qui traverse ce film. L’auteur nous offre ici un témoignage personnel qui n’oublie jamais d’être généreux. Nous sommes invités à partager un émouvant voyage intérieur en permanence au contact de l’autre. Il n’est jamais simple de partir de soi pour atteindre l’universel, mais, ce film y parvient avec autant de subtilité que de profondeur.” – Le Jury Hors Frontières et Monde Sensible
Mention spéciale
“Comme en peinture, le portrait documentaire est un geste artistique en soi. Et, celui de “Suzanne, jour après jour” est magnifique.
Tendre, sensible, et touchant, il est soutenu par une réalisation qui sait aussi bien dire le temps suspendu que le temps qui passe. Nous n’oublierons pas le rire emballant et contagieux de Suzanne qui traverse cette belle rencontre. Une rencontre qui nous rappelle aussi que la vieillesse ne fait peur qu’à celles et ceux qui la craigne.” – Le Jury Hors Frontières et Monde Sensible
PRIX DU PREMIER FILM PROFESSIONNEL
“Ce film interroge les limites entre documentaire et fiction, en déplaçant notre regard sur des questions liées à l’immigration, trop souvent traitées de manière stéréotypée. A travers l’histoire d’un couple entre deux pays, deux continents, ce film pose avec délicatesse la question du choix. ” – Le Jury Premier Geste Documentaire
PRIX DES FORMATIONS AUDIOVISUELLES
“Les deux réalisateurs, pour un premier geste documentaire, signent un vrai coup de maître. En filmant le prolétariat qui travaille dans le domaine du nucléaire, les réalisateurs portent un regard intime et sans filtre, porté par une magnifique photographie, qui dénonce sans concession. Ce film entrecroise trois lignes narratives, trois histoires de travailleurs itinérants du nucléaire. Il nous propose avec beaucoup de simplicité et de poésie d’appréhender plusieurs niveaux de réalités qui vont du quotidien de ces ouvriers, souvent saisis dans leur solitude, entre rêves d’avenir et risque mortel, jusqu’à l’arrière-monde, le hors-champs opaque et terrifiant de nos vies que représentent les centrales nucléaires. Le film possède par ailleurs une dimension universelle dans sa manière de montrer avec pudeur tout ce que, parfois, le travail nous prend. Merci à Tizian et Kilian.” – Le Jury Premier Geste Documentaire
PRIX DU JURY ETUDIANT
« Furies de Pauline Senet donne une voix a trois femmes, témoignant de leur rapport à la violence. Ce film, loin de l’image de la « femme hystérique en colère », nous met face à une violence intentionnelle consciente et esthétique. Il est touchant de par la proximité qu’on retrouve dans leurs paroles. Elles sont mises en écho par une extériorisation des souffrances, représentées par une salle de casse et par la destruction méthodique d’objets du quotidiens. Des fleurs mortes délicatement positionnées dans un vase pour ensuite être brûlées, aux touches de clavier d’ordinateur démontées une à une en passant par des peluches étouffées par un fer à repasser, ces plans procurent un sentiment de réconfort, voire de revanche. Cette orchestration rythmée d’images construit des métaphores éloquentes, auquel chacun.e peut s’identifier. La réalisatrice filme avec intelligence et minimalisme. Une narration qui nous invite à conscientiser nos blessures, nos frustrations et nos désirs d’excès de violence, dits condamnables, surtout en étant une personne assignée au genre féminin. » – Le Jury Etudiant
Mention spéciale
PRIX REGARD SOCIAL
“En réunissant ces trois hommes dans une maison à la montagne, non loin de l’institution qui les a accueillis enfants, La Belle étoile, la réalisatrice nous donne à voir la dimension collective de leur démarche, difficile et douloureuse, l’amitié qui les unit et le soutien mutuel qu’ils se portent. La mise en place de ce dispositif maitrisé permet, dans le respect et la confiance, une grande qualité d’écoute et le surgissement de la parole. Chacun dévoile, selon ses possibilités, les abus et violences subis.
La qualité du cadre et de l’image magnifie ces hommes abimés. Le tournage à deux caméras nous invite à être attentif aussi bien à celui qui exprime sa détresse qu’à celui qui l’écoute. Nous avons retenu également une grande précision du montage dans une apparente fluidité narrative. Nous avons été touchées par le respect de l’histoire de chacun, dans un climat de bienveillance, qui fait tomber nos préjugés. Nous saluons ce film nécessaire qui interroge la maltraitance en institution, hier comme aujourd’hui, et transmet en même temps un message d’espoir vers une réparation possible. ” – Le Jury Regard Social
Mention spéciale
“Nous souhaitons également décerner une mention au film collectif Le souffle court qui donne la parole à des soignants pendant la période de crise du Covid, et ce dès le premier jour de confinement. Ce film témoigne d’une période inédite, historique, qui a bouleversé nos vies. Nous avons apprécié la dimension collective du film, d’un groupe professionnel, les cinéastes, à un autre groupe professionnel, les soignants, par l’intermédiaire de visios qui rend chaque protagoniste du film actif dans le choix du lieu et le moment de l’entretien.
Malgré l’absence de rencontres physiques, le film met en place un dispositif de parole et d’écoute, en toute confiance, et permet aux soignants un sas exutoire indispensable. Il y a une réelle dimension cinématographique, grâce à la construction habile du montage dans un récit qui avance avec finesse, et grâce aux images qui nous donnent à voir l’évolution des visages, les marques de fatigue et de détresse de soignants, qui se sentent isolés dans leur pratique, voire abandonnés. Le film pose également la question du sens du travail de soignant : le contexte sanitaire et le manque de moyens mis à disposition vont à l’encontre de la pratique et des valeurs du « prendre soin ». C’est un film nécessaire en ce qu’il revient sur une période douloureuse et brutale. Il a un effet cathartique pour les soignants qui livrent leur détresse, comme pour nous qui restons profondément marqués.” – Le Jury Regard Social
PRIX DE LA DIVERSITE
“Nous avons choisi de décerner le prix de la diversité au film « LE PACHA, ma mère et moi » de Nevine GERITS, film sensible et lumineux qui nous fait partager avec générosité une histoire de transmission au sein d’une famille kurde et belge et la quête d’identité de la réalisatrice. Nous y avons vu une diversité de points de vue, de personnalités et de caractères, de génération, une justesse dans la représentation de la complexité des sentiments, et même de l’ambiguïté dans une famille unie malgré des divergences. Le film fait appel en nous à une diversité d’émotions tout en nous sensibilisant à la question de la liberté du peuple kurde. C’est un film de questionnement, d’ouverture à l’autre au cours duquel la réalisatrice chemine avec respect et bienveillance dans la relation avec sa mère.
En terme de réalisation, nous avons apprécié le tressage par un montage habile de dispositifs très variés : des archives vidéo à la mise en scène des parents dans leur quotidien jusqu’à la lecture des lettres du grand-père en studio. Le film peut s’adresser à une grande diversité de spectateurs. Nous saluons la sincérité d’une démarche à la fois intime et généreuse.” – Le Jury Regard Social