CONFÉRENCE
LE SON : LA CHAIR DES IMAGES
Un après-midi de réflexion accompagné de nombreux extraits de films
Lundi 24 novembre – 14h à 17h – Salle Boris Vian
BIO – Daniel Deshays
Réalisateur sonore de nombreuses œuvres musicales et théâtrales, Daniel Deshays a accompagné de grands cinéastes dont Chantal Akerman, Robert Kramer, Philippe Garrel. Chercheur associé au CNRS, il intervient à l’Université, à la FEMIS et aux Ateliers Varan. Il est également auteur de cinq ouvrages sur le son.
PRÉSENTATION
Comment faire face au réel, à l’inattendu de l’imprévisible vivant débordant ? Voilà apparaître la cruelle réalité du documentaire. Ce n’est pas l’objet montré qui compte, mais ce que l’on parvient à faire ressentir de cette écoute — matérialisation du regard d’un auteur conduisant le partage de l’instant sensible. L’écoute modère et amplifie la relation. C’est parce que je t’écoute que ta parole m’emmène là où je ne serais jamais allé, dans le désir d’en connaître plus et d’entendre ce que je pensais y trouver, mais qui ne vient jamais comme prévu.
Que proposent les outils de captation – micros et caméras – face à cela ? Accrocher le micro sur le corps de celui qui parle permet certes de tout recueillir, mais prive la parole du mouvement qui l’anime. Filmer le vivant, n’est-ce pas matérialiser une double écoute ? Non, décidément, le micro-cravate ne suffit pas.
L’Histoire sonore du cinéma reste à écrire, et c’est à sa lumière qu’il faut poursuivre la réflexion. Tant de formes savantes, de sons déjouant nos attentes, de constructions merveilleusement liées aux images, nous y attendent encore. Le sonore, souvent invisible à notre conscience, est menacé de disparition par les automatismes technologiques.
Comme le rappelait Bernard Stiegler, toute technologie est un « pharmakon » : à la fois remède et poison. Trop de maîtrise tue le sensible ; la fragilité seule rend le vivant perceptible. Dégrasser le film, disait Pialat — c’est laisser paraître les fragilités sensibles qui fondent son humanité.
